Le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a publié hier son 6ème rapport annuel sur l'état du sexisme en France. Ce dernier dresse un constat alarmant sur les normes sexistes, chiffres et tendances régressives à l’appui. Il met en évidence un certain paradoxe et appelle à l'action à travers différents leviers.
Des normes sexistes à la maison, à l’école et sur le web
Le HCE est une organisation consultative indépendante qui a, entre autres, pour mission d’animer le débat public sur les grandes orientations de la politique des droits des femmes et de l’égalité en France. Pour ce rapport, elle s’est appuyée sur les résultats d’un baromètre Viavoice, réalisé auprès de 3 500 personnes en novembre 2023.
Ainsi, le HCE identifie trois "incubateurs" du sexisme : la famille, l'école et le numérique.
Dans la famille, 70% des femmes estiment ne pas avoir reçu le même traitement que leurs frères. Les tâches ménagères sont encore largement considérées comme une affaire de femmes, et les stéréotypes de genre sont souvent véhiculés par les parents qui, sans s’en rendre compte, élèvent différemment leurs enfants selon le sexe.
À l'école, les différences de traitement se perpétuent, avec des conséquences directes sur l’orientation : 74% des femmes n’ont jamais envisagé de carrière dans les domaines scientifiques ou techniques.
En ligne, 75% des femmes affirment ne pas être traitées à égalité. Ce constat corrobore d’autres études sur les contenus les plus vus sur Instagram notamment, où 68% des vidéos véhiculent des stéréotypes assignant les femmes à la maternité. De plus, 92% des vidéos pour enfants contiennent des stéréotypes genrés. Quant aux vidéos pornographiques qui diffusent des contenus misogynes violents, 64% des hommes de 25-34 ans disent les imiter dans leurs relations sexuelles.
Les conséquences du sexisme : discriminations et inégalités de genre
Le rapport fait état, entre autres, de cinq chiffres effarants et inquiétants en matière de progression de l’égalité de genre.
Neuf femmes sur dix déclarent avoir personnellement subi une situation sexiste.
Plus de 50% des femmes de 25 à 34 ans ont vécu une absence de consentement.
Un quart des hommes de 25-34 ans pense qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.
Plus d’un homme sur cinq de 25-34 ans considère normal d’avoir un salaire supérieur à sa collègue à poste égal.
70% des hommes pensent qu’un homme doit avoir la responsabilité financière de sa famille pour être respecté dans la société.
Les conséquences du sexisme sont multidimensionnelles. Elles touchent à la fois les femmes, les hommes et les personnes non conformes de genre. Pour les femmes, le sexisme se traduit par une moindre égalité des chances dans tous les domaines de la vie, de l'éducation au travail en passant par la politique. Les femmes sont plus souvent victimes de discriminations, de harcèlement et de violences sexistes et sexuelles. Pour les hommes, le sexisme les contraint à se conformer à des normes de genre restrictives. Ils sont souvent sous pression pour être “forts, virils et performants”. Pour les personnes non conformes de genre, il les force à se positionner dans une ou l’autre catégorie et à répondre aux normes qui leurs sont imposées. Le sexisme crée ainsi un cercle vicieux où les représentations alimentent les comportements discriminants, et viennent légitimer les inégalités.
92% de la population considère que les hommes et les femmes ne sont pas traité·e·s de la même façon dans au moins une sphère des sphères de la société.
Paradoxalement, le rapport montre un décalage entre : d'une part, une population qui est de plus en plus consciente des inégalités, tolérant de moins en moins les violences sexistes et sexuelles, et d’autre part le maintien des stéréotypes qui continuent de forger les mentalités et les comportements discriminatoires.
Lutter contre le sexisme et les inégalités de genre
Dans ce contexte, le HCE appelle notamment à éduquer, réguler et sanctionner. L’organisation formule trois recommandations à travers :
un programme d’éducation à l’égalité solide et obligatoire ;
la régulation des contenus numériques en s’appuyant sur l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique ;
la condamnation du sexisme en sanctionnant le délit de sexisme et l’évolution de la loi sur le viol.
Elle lance également une campagne de sensibilisation grand public sur le sujet "Faisons du sexisme de l'histoire ancienne!".
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