Au fil des générations, la proportion des jeunes diplômé·e·s augmente de plus en plus en France. En 2020, 49% des 25-34 ans sont diplômé·e·s de l'enseignement supérieur, soit au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE (39%), contre 45% en 2016. Cependant, dans une société en plein changement, 35% des 15-35 ans ne s’estiment pas bien informé·e·s sur l'enjeu environnemental. La formation et la sensibilisation autour de ces thématiques est encore faible. En 2019, seulement 11% des formations de l'enseignement supérieur proposaient des cours transversaux dédiés à l’environnement et au climat de manière obligatoire. Aussi, en 2020, seulement 12 universités françaises délivraient des diplômes sur les études du genre. Ipso facto, trop peu de jeunes possèdent les outils nécessaires pour lutter pour la justice climatique.
Néanmoins, la prise de conscience des jeunes sur la question environnementale et sociale est de plus en plus visible : mobilisation pour le climat, Consultation Nationale Étudiante (CNE)... En somme, les établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) ont du mal à satisfaire les attentes d’une majorité d’étudiant·e·s, en les accompagnant au mieux dans leur insertion professionnelle en toute connaissance des enjeux de développement durable.
Cet article permet de réfléchir sur la manière dont les universités peuvent prendre action sur des enjeux sociétaux en regardant ce qu’il existe dans certains établissements, et les limites auxquelles ils font face.
L’attente étudiante pour une transition environnementale et écologique dans l’enseignement supérieur
Alors que plusieurs institutions étrangères ont déjà déclaré l'urgence climatique, les établissements de l’enseignement supérieur français sont encore en retard en la matière : faible présence des enjeux dans les cours et inégalités entre les institutions sur le contenu, manque de moyens financiers et humains, problème de logistique… Pour autant, les étudiant·e·s sont demandeur·euse·s et proactif·ve·s sur ces sujets, et certain·e·s enseignant·e·s sont force de proposition. La CNE de 2020 a souligné que 85% des étudiant·e·s se considèrent inquiet·e·s pour leur avenir, face au changement climatique. De même, 78% considèrent que ces questions sont insuffisamment traitées, voire absentes dans les discussions médiatiques et politiques.
Cependant, malgré une large connaissance de la notion de réchauffement climatique de leur part, les causes de ce phénomène sont encore mal comprises, tout comme l’identification de solutions pratiques. Ces disparités semblent notamment corrélées à leur niveau de formation. Parmi les étudiant·e·s qui ont suivi une formation liée à l’environnement, 57% ont changé leurs habitudes de consommation contre 48 pour le reste. Cela s’aggrave quand il s’agit d'engagements concrets : 34% des jeunes ayant une formation liée à l’environnement sont engagé·e·s dans une association sur ce sujet contre 18%.
Dès lors, la sensibilisation de nouveaux publics et la mise en pratique d’actions concrètes pour lutter pour la transition environnementale de la part des ESR est nécessaire.
Formation, sensibilisation et plan d’actions concrètes : un triptyque des solutions pour répondre aux défis de la transition environnementale et écologique dans l’enseignement supérieur
Face à ce constat, une question se pose : comment donner les outils nécessaires aux étudiant·e·s pour répondre au défi climatique ?
Parmi les solutions les plus sollicitées du côté du Réseau Étudiant pour une Société Écologique et Solidaire (RESES), il faut intégrer les enjeux environnementaux dans les formations et la recherche, favoriser une insertion professionnelle en adéquation avec la transition écologique et transformer le fonctionnement et la stratégie des établissements. Peuvent être notamment mis en place des cours transversaux en formation initiale sur la thématique, des politiques d’achats responsables, une sensibilisation auprès des parties prenantes, des partenariats avec des structures engagées en développement durable et inclusif et une communication plus responsable.
Dans certains ESR, une volonté de prendre en compte l’enjeu environnemental existe, tels que l’université Aix-Marseille qui lutte pour la pauvreté et le changement climatique autour d’un Conseil du Climat. À l’école d’ingénieur·e·s Centrale Nantes, le développement durable est intégré dans plusieurs formations (du cycle ingénieur aux écoles doctorales) sous forme d’enseignements transversaux.
De même, en plus de sa participation au label DD&RS et au réseau RESES via l’association étudiante Dauphine Durable, l’université Paris Dauphine-PSL a créé en 2022 un nouveau conseil consultatif pour faire évoluer son fonctionnement interne et son impact externe : le Conseil Environnemental et Social (CES). Sorte d'observatoire de la responsabilité sociétale de l’université (RSU), le but est de soumettre des plans d’actions concrets aux conseils centraux (Conseil d’Administration) pour diminuer l’empreinte carbone de Dauphine et l’aligner avec sa stratégie et ses valeurs. Les principaux sujets évoqués sont notamment l’internationalisation et la formation de l'entièreté de la communauté dauphinoise en plus de son offre de masters en développement durable et d’un cours obligatoire sur les enjeux climatiques en première année de licence Sciences des Organisations.
Cette dynamique laisse pressentir de futures améliorations dans les années à venir. Néanmoins, il reste encore des progrès de la part des ESR à faire pour devenir de réels vecteurs de diffusion de la conscience écologique et responsable. Même si des efforts apparaissent dans certaines institutions, ils sont encore trop peu pour les considérer comme de véritables modèles en matière de développement durable. Beaucoup d’établissements ne disposent d’ailleurs pas encore des outils adéquats pour opérationnaliser leurs ambitions sur le sujet.
Vous êtes un établissement ou une structure engagée, vous souhaitez promouvoir des actions concrètes en matière de développement durable et inclusif ? Esfand peut mettre à votre disposition son expertise et vous accompagner dans votre démarche.
Ce blog est écrit par Cassandre Goldstein, étudiante à l’université Paris Dauphine-PSL en troisième année de licence d'Économie Internationale et Développement. Engagée contre le réchauffement climatique et les stigmates de genre, elle est Déléguée à la Responsabilité Environnementale et Sociale et membre de la cellule de veille et d’écoute de son université.
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