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  • Photo du rédacteurCassandre Goldstein

Comment progresser sur l'égalité et la justice de genre dans l'enseignement supérieur ?

Dernière mise à jour : 9 juin 2022

Alors qu’en 2018, des mesures et une campagne de sensibilisation contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans l’enseignement supérieur ont été mises en place en France, les discriminations et violences envers les femmes persistent toujours. Malgré une libération de la parole étudiante (#Sciencesporcs, #Doublepeine #Balancetonstage…), les dispositifs mis en place par le gouvernement au sein des établissements du supérieur sont insuffisamment efficaces. Face à cette faible sensibilisation et formation sur le sujet, la communauté universitaire (étudiant·e·s, chercheur·e·s, enseignant·e·s, doctorant·e·s et personnels) reste largement dépourvue d’outils pour lutter efficacement contre les discriminations et les VSS. Par exemple, en 2020, seulement 12 universités françaises formaient les étudiant·e·s sur le genre. Dès lors, comment l’enseignement supérieur peut-il être vecteur de l’égalité ? Quelles sont les limites auxquelles il fait face ?


L’égalité et la justice de genre dans l’enseignement supérieur face aux stigmates et aux violences


Les universités ne sont pas épargnées par les stigmates de genre. Harcèlement moral et sexuel, VSS : toutes les parties prenantes sont concernées, non sans conséquence. La santé physique et psychologique, la vie privée et sociale et la réussite scolaire et professionnelle en sont directement impactées.


En raison des stéréotypes, les inégalités se maintiennent et se renforcent. Par exemple, au niveau de la formation, les femmes restent minoritaires dans les filières ingénieures, représentant à peine 28% des effectifs totaux en 2019. Une fois diplômées, leur place dans ces métiers ne progresse pas. Les femmes sont aussi sujettes aux écarts salariaux, qui se sont aggravés entre 2017 et 2019. Une femme diplômée d'un master de droit, économie ou gestion est rémunérée 10% de moins qu'un homme du même master, 30 mois après.


Concernant le harcèlement moral et sexuel et les VSS, le mouvement #Sciencesporcs montre la grande difficulté des établissements de l’enseignement du supérieur et de la recherche (ESR) d’appliquer des mesures concrètes de lutte, alors qu'un budget de 7 millions d'euros a été investi par l’État sur la question fin 2021. Tout comme la transition écologique dans l’ESR, la justice de genre manque de moyens financiers et humains et fait l’objet de plus en plus de critiques. Et quand bien même il existe des dispositifs, ces derniers ne sont généralement pas assez connus des étudiant·e·s.


Des solutions concrètes pour promouvoir l'égalité et la justice de genre dans l'enseignement supérieur


Face à ces manques, il est nécessaire de placer la question du genre sur le devant de la scène avec de la prévention, de la sensibilisation et de la communication. De nombreux établissements ont commencé à aligner leur stratégie en faveur de l’égalité de genre sur un modèle plus inclusif. Par exemple, suite au mouvement #Sciencesporcs, l'Institut d'Études Politiques (IEP) de Paris a mené en 2021 un rapport sur les VSS suggérant des recommandations : identification et prévention des situations à risques, situation des enseignant·e·s, doctorant·e·s et personnels salariés, diagnostic de la politique d'Égalité Femmes-Hommes, etc. À l'université Lumière Lyon 2, courant 2021, des évènements de sensibilisation ont été proposés pour les étudiant·e·s, les personnels et le grand public. Et Esfand y a animé un atelier en janvier 2020.


De son côté, l’université Paris Dauphine-PSL a engagé une réflexion, autour du genre et de ses modes de promotion. En effet, le modèle dauphinois vise à former les étudiant·e·s en vue de devenir de potentiel·le·s futur·e·s cadres dirigeant·e·s. Ils et elles auraient à encourager des actions en faveur du développement durable au sein de leurs équipes. Oeuvrer à leur donner une conscience plus inclusive pourrait donc augmenter leur influence et leur impact sur ces sujets à l’échelle de leur future organisation. Ainsi, une cellule d’écoute et de veille, gérée par la Déléguée à l’Égalité et Lutte contre les discriminations, traite des affaires de bizutage, discrimination, harcèlement et VSS depuis 2018. Pour la promouvoir, Dauphine s’attache à faire connaître les dispositifs de veille et d’écoute aux étudiant·e·s victimes. De plus, au sein de son riche tissu associatif, certaines associations étudiantes s’emparent du sujet et sensibilisent la communauté : conférences, articles, ateliers, colloques, semaine de l’égalité… Toutes ces mesures ont permis d’instaurer une systématisation de la prévention des agressions sexuelles, notamment dans le cadre des soirées étudiantes. Désormais, à l’approche de chacune d’entre elles, l’association organisatrice de l'événement diffuse un message de sensibilisation aux participant·e·s en mettant en avant ses référent·e·s vers lesquel·le·s se tourner en cas de VSS.


Cette dynamique laisse pressentir de futures améliorations dans les années à venir. Néanmoins, les établissements de l’ESR ont encore des progrès à réaliser pour devenir de réels vecteurs de diffusion de la conscience inclusive. Même si des efforts ont permis des résultats concrets dans certaines institutions, ils sont encore trop peu nombreux pour les considérer comme de véritables modèles en matière de développement inclusif. Beaucoup d’établissements ne disposent pas encore des outils adéquats pour opérationnaliser leurs ambitions sur le sujet.


Vous êtes un établissement ou une structure engagée, vous souhaitez promouvoir des actions concrètes en matière de développement durable et inclusif ? Esfand peut mettre à votre disposition son expertise et vous accompagner dans votre démarche.



Ce blog a été écrit par Cassandre Goldstein, étudiante à l’université Paris Dauphine-PSL en troisième année de licence d'Économie Internationale et Développement. Engagée contre le réchauffement climatique et les stigmates de genre, elle est Déléguée à la Responsabilité Environnementale et Sociale et membre de la cellule de veille et d’écoute de son université.


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